Le développeur web junior est considéré comme le bas du panier par les recruteurs mais aussi souvent par les développeurs plus expérimentés. Nombreux sont ceux qui se font descendre au premier commentaire ou qui ne trouvent pas de stage/emploi du fait de leur manque d’expérience. Certains sont tellement découragés dès le début qu’ils abandonnent assez vite. Je sais de quoi je parle car au moment où j’écris ces lignes, je fais moi-même partie de ces “pestiférés”… Voici donc quelques conseils pour évoluer en tant que développeur web junior.
Choix de la formation :
Bien évidemment, n’importe qui vous conseillera une formation en université (type BTS informatique) ou encore en école (comme Epitech) qui vous coûtera les deux bras, les deux jambes, voire même le reste (ce qui est dommageable pour coder…).
Il existe également des formations accélérées de 9 semaines (bootcamp) qui te laissent croire que tu seras développeur(se) en sortant de là, et pour des modiques sommes entre 5000 et 8000€… À moins que tu n’aies déjà de très solides bases en langages de programmation où que tu ne saches pas quoi faire de ton temps et ton argent, je te déconseille ce genre de cursus (pas de crédibilité aux yeux des recruteurs, et les différents langages sont en général survolés).
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Dans mon cas, il s’agit d’une reconversion, ou plutôt, une diversification de mon champ d’action étant graphiste depuis plus de 10 ans maintenant. C’est un prestataire de Pôle Emploi (l’INFREP) qui m’a parlé d’OpenClassrooms. Cette plateforme de cours en ligne est l’évolution du Site du Zéro qui répertoriait bénévolement des tutoriels gratuits sur des sujets liés à l’informatique. OpenClassrooms est devenu un site proposant des cours gratuits sur tout sujet d’informatique (traitement de texte, marketing, programmation…). Il y a là déjà une énorme base pour se former en autodidacte en tant que développeur web junior.
Mais cette structure propose également des parcours payants* diplômants (de BAC+2 à BAC+5) dont les estimations de durée vont entre 6 et 12 mois. L’abonnement à ces parcours te donnent accès à des cours avec vidéos auxquels les autres n’ont pas accès. Durant ces parcours, un mentor (expert du métier) t’es attribué afin de t’épauler et t’aider dans ta formation lors de sessions hebdomadaires d’1h. Ce genre de formation est juste génial car elle te laisse évoluer à ton rythme (tu prends autant de temps que tu veux pour chaque projet, même si le but est bien évidemment de ne pas traîner). À la fin de chaque projet tu as un oral de 20 minutes pour présenter ton projet dans un jeu de rôle (ex : tu présentes ton travail à un collègue développeur senior), ce qui te permet de valider le projet et passer au suivant.
Certains parcours proposent même comme dernier projet un stage en entreprise, ce qui en plus du diplôme, te permet de sortir de là avec une première expérience.
* finançables grâce au CPF (Compte Professionnel de Formation)
J’ai moi-même suivi le parcours de développeur web junior (devenu développeur web). Mon mentor est devenu un véritable ami (il nous est arrivé de passer des après-midi entières sur des bug à corriger). De plus, ce parcours me permet aujourd’hui de m’insérer dans le monde professionnel du développement web avec un portfolio qui commence à ressembler à quelque chose d’intéressant (pour les recruteurs).
ATTENTION, je ne dis pas qu’OpenClassrooms est ce qu’il y a de mieux car je ne connais pas les autres organismes (comme la WildCode School par exemple), je dis juste que cette formation, dans l’approche qu’elle m’a donné du métier de développeur web junior, m’a beaucoup apporté.
Mon conseil :
Cependant, pour faire ce genre de formation, il faut être bien conscient que tu seras (la majeure partie du temps) seul(e) dans ton apprentissage et donc aussi face aux problèmes rencontrés. Dans le contexte actuel où l’on entend les étudiants crier au désespoir car ils sont enfermés chez eux à apprendre (et je les comprends les pauvres), il faut bien que tu comprennes que ça sera aussi ton cas. C’est pour ça qu’il faut être très motivé et surtout, ne pas rester en retrait si tu as le moindre soucis avec les cours ou un projet car tu perdras du temps (et dans un parcours payant, le temps c’est de l’argent), erreur que j’ai commise au début. Il faut alors en parler à ton mentor car il est là aussi pour ça, afin de reprendre une bonne impulsion.
Se démarquer à l’entretien
Le développeur web junior n’impressionne personne avec son expérience. Ce qui te permettra de faire briller les yeux des recruteurs, ce sont les projets personnels que tu montreras. Tu seras alors propulsé au statut de candidat de choix, voire même directement au-dessus de toutes les autres candidatures.
Deuxième chose importante, tu auras une/des question(s) technique(s). Si tu ne connais pas la réponse, dis le clairement, ne mens pas car ça se verra de suite. Tu es développeur web junior et tu es là pour apprendre. Personne ne te dira dès le premier job : “ok, vas-y, code moi un Facebook bis, tu as 15 minutes…” . Comme je le dis dans mon article, Comment décrocher son premier poste de développeur web ? , tu vas devoir bosser sur les projets de la boîte dans laquelle tu postules et tes collègues te verront tous les jours. Tu te doutes bien qu’en amont, les recruteurs vont s’assurer que t’es pas un sale geek associable aux compétences humaines du niveau d’un ermite…
Donc SOIS TOI-MÊME et détend-toi lors de l’entretien.
Ton premier boulot de développeur web junior
Sur ce sujet là, je fais confiance à Mehdi Zed et son blog <Je suis un dev/> car à la minute où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore signé de premier contrat. Je vais bientôt commencer un stage en agence qui, comme je le disais plus haut, me permettra de justifier d’une première expérience (en tant que développeur web junior) et dont je me ferai un plaisir de vous parler dans un prochain article. Et donc, d’après Mehdi, le premier job de développeur web junior te donne chaud, très chaud même. Beaucoup de boulot, des missions difficiles… La raison est que le fossé entre les études et la vraie vie professionnelle est monstrueux. La première astuce efficace et qui sert tout au long d’une carrière c’est le découpage de la complexité.
En gros, si on te donne une mission complexe, il te suffit de la découper en différentes étapes. Puis, tu découpes chaque étape en des problèmes plus petits. Enfin, fais une fonction pour chacun de ces petits problèmes. La montagne de travail est alors moins impressionnante et tu peux voir ton avancée dans celle-ci.
D’ailleurs, en ce qui concerne ta rapidité d’exécution, ne cherche pas à être rapide, tu auras tout le temps d’améliorer cette partie de ton travail quand tu maîtriseras la plus importante : coder proprement. Mieux vaut un code propre rendu un peu en retard, qu’un code pourri à temps. Prendre un développeur web junior au sein de son équipe est un investissement et là, ils vont se demander en quoi tu justifies cet investissement. Même rendu en retard, un code propre les impressionnera alors évite de t’affoler et fais les choses bien.
Enfin, l’une des soft skills importantes pour un développeur web junior (lire mon article Développeurs et soft skills en 2021) est de cultiver la pensée critique et créative avec des questions. Donc, ne reste pas dans ton coin et va ennuyer tes collègues avec tes questions, t’es là pour ça ! Et oui, en tant que junior, tu as le rôle du gros casse-pied qui comprend rien. Et comme en peu de temps tu perdras ce statut (tu peux pas passer ta vie à harceler tes collègues non plus), profites-en et pose des tas de questions (sur les techniques de coding, les pratiques, des exemples de source d’infos…). Si tu es confronté à un problème que quelqu’un peut résoudre en 30 secondes, ne perds pas ton temps.
L’ami Google
Dans le métier de développeur web junior, l’une des plus importantes capacités est de savoir trouver des infos sur internet. Tout le monde sait faire des recherches sur Google, mais il existe des techniques pour faire des recherches plus précises sur Google. Donc quand tu auras 5 minutes, apprends-les, elles te feront gagner un temps précieux…
L’importance des outils
En tant que développeur web junior, on a généralement envie d’apprendre vite pour montrer ce qu’on sait faire. Une grosse partie de l’efficacité d’un(e) développeur(euse) est de connaître parfaitement ses outils. Et beaucoup d’entre nous ne vont pas à fond dans l’apprentissage de ces outils (outils de test, de build, de conteneurisation, des linters, mais aussi des plugins dans ton éditeur) et se contentent du minimum, histoire de pouvoir gérer un projet. tu n’imagines pas le temps que j’ai gagné en coding quand un ami m’a fait installer des plugins de Vs Code Insiders comme CSS Initial Value, CSS to MDN (deprecated), Error Lens, ou encore Gitignore (très utile pour ignorer certains fichiers quand tu veux commit depuis VS Code).
D’ailleurs, s’il y a bien un outil à maîtriser absolument, c’est Git. Si tu l’utilises déjà, ne te contente pas comme beaucoup de développeurs web juniors de commit ou push. Il existe plein d’articles sur le sujet comme celui-ci qui est très bien fait Débuter avec Git partie 1.
Sois patient(e)
Tu ne deviendras pas super efficace et rapide en une journée. Ça prend du temps. Beaucoup s’impatientent de ne pas arriver au niveau de leurs collègues seniors. Parfois tu vas passer des heures voire des jours sur un petit bug de rien du tout. D’ailleurs, tu risques aussi de trouver la réponse dans ton sommeil (si, comme moi, ça t’es déjà arrivé, raconte-moi ça en bas dans un petit commentaire, ça me fera plaisir).
Donc si tu craques à cause d’un bug, calme-toi, souffle un peu, fais une pause (même si c’est 5 minutes). À l’occasion, va demander à tes collègues ce qu’ils en pensent. La solution viendra toute seule à toi et tu rigoleras d’avoir voulu défenestrer ton PC à cause de ça… La résilience est la plus importante des compétences humaines chez un développeur web junior (et senior). Donc mets toi en position du lotus, ferme les yeux et respire, petit scarabée…
Personne n’a de talent inné en développement. Ceux qui sont doués le sont car ils ont pratiqué, ils ont sué comme des dingues sur leurs side-projects, dans des hackatons, en tenant un blog (ouais, ça a l’air d’un truc de fillette, mais amuse toi à faire vivre un blog, on en reparlera…), ou encore en faisant de la veille. Pour ma part, je ne passe pas une demi-journée sans aller voir sur Google les articles qu’on me propose à partir de mes préférences enregistrées (Dev Community, blogdumoderateur, betterprogramming…).
En ce qui concerne les abrutis, tu vas en rencontrer, c’est sûr. Il va falloir être patient avec eux aussi. On va te dire que tu n’es pas un vrai développeur si tu fais pas du C++ avec des algorithmes quantiques. Tu vas assister à des échanges de commentaires du genre “t’es un nul. C’est celui qui dit qui l’est…” qui se transforment souvent en tribunal de grande instance. J’en ai vu qui se faisaient descendre sur LinkedIn dans le post dans lequel il parlaient de leur diplôme qu’ils venaient d’avoir. Sérieux, c’est comme si tu poussais une porte avec un grand sourire, que tu disais bonjour avec une toute petite voix et qu’un abruti te crache au visage en te gueulant dessus…
Laisse-les tomber, fais comme s’ils n’existaient pas. Comme je dis souvent, celui qui a une grande bouche cache une toute petite… intelligence. Ton temps est précieux et ton travail mérite toute ton attention.
Le plus important pour un développeur web junior
Enfin, la technique la plus cruciale pour évoluer efficacement et le plus vite possible, c’est de sortir de sa zone de confort. Si une chose hyper complexe te fait peur et tu penses que tu n’es pas capable de la faire, FAIS-LA ! C’est là que tu progresseras vraiment si tu veux réussir dans ce métier.
En conclusion
Bienvenu à toi petit développeur web junior ! Tu vas aimer ta nouvelle vie. Si tu es patient et que tu suis tous ces conseils (qui ne sont pas tous de moi je l’avoue), tu deviendras vitre très bon. Ton salaire va du coup suivre en même temps que tes compétences (et si ce n’est pas le cas, ben fais en sorte que ça le soit…). Après, comme dans tout boulot même passionnant, des fois, c’est nul et tu te dis “Mais pourquoi je suis pas devenu fleuriste…?”. Mais je t’assure que ce métier est passionnant et que tu vas t’éclater et surtout, ça va énormément t’aider aussi dans ta vie perso (essaie d’appliquer les techniques que tu apprends dans tous les domaines de ta vie, tu verras, c’est magique, tout est lié…).
